Taxi co et barbelés

Tel-Aviv – Jerusalem (AlQuds) Premières impressions

 

Mon tout premier voyage en taxi collectif date de la fin de années 1990, à Belfast. Je fais partie d’une génération qui a connu la chape de terrorisme qui a pesé lourdement sur l’Irlande du Nord. Par crainte d’attentats, les regroupements de personnes y étaient limitées, dans la mesure du possible. Le transport en commun se faisait donc en taxi. On s’entassait à plusieurs dans des grandes voitures bombées. Le niveau de confort était raisonnable, et on parcourait de petites distances.

 

 

 

Au Maroc, plus récemment, j’ai fait un trajet inter-villes mémorable. Là-bas, il faut caser le maximum possible de passagers dans le plus petit espace possible. Serrée contre la portière d’une vieille voiture, je tenais de toutes mes forces la poignée pendant tout le voyage : cette portière fermait mal et je voyais filer le goudron à quelques centimètres de mes pieds gelés. Vu l’état du véhicule, je pensais qu’il valait mieux que je sécurise ce qui pouvait l’être….

 

 

 

Le sheruut, version israélienne du taxi collectif, me paraissait donc représenter un mode de transport relativement luxueux. Notre petit groupe de voyageurs, composé majoritairement de personnes se rendant dans leurs familles en Israël, disposait de sièges confortables dans un mini-bus de facture récente.

 

 

 

La première impression d’ordre et de confort s’est dissipée rapidement : on roulait vite sur une 2x2 voies en très bonne état, mais les paysages autour était bien en désordre. Dans toutes les directions, on voyait des fils de fer barbelé. Parfois faisant partie d’une clôture bien entretenue, parfois on aurait dit un rouleau de matériel rouillé perdu près d’un taudis...Me croyant en Israël, et ayant vu des images du « Mur de Séparation » j’avais du mal à comprendre ce que je voyais.

 

 

 

Je me suis renseignée. La route 40 (israélienne) qui relie Tel Aviv à Jerusalem traverse la Palestine. Nominalement, il s’agit d’une zone sous le contrôle de l’Autorité Palestinienne. Cependant, des colonies ont été implantées le long de cette route. Hébergeant des citoyennes et citoyens d’Israel, les colonies reçoivent une protection militaire. La route qui les dessert aussi. Les barbelés font partie de cette protection.

 

 

 

Vu que le processus de colonisation est encore en cours, que les frontières ne sont pas fixes, il n’y a pas d’infrastructures de sécurité figées. Mon impression générale de désordre et de confusion vient du fait que les rangées de barbelés avancent toujours, selon les travaux et installations des colons. On est dans une zone de guerre de basse intensité.

 

 

 

Lors des accords d’Oslo, Arafat a renoncé à lutter pour 78 % de ce qu'on appelait Palestine en 1919, en échange d’un pouvoir discutable sur les 22 % restants. Depuis, de jour en jour, la terre Palestinienne se fait grignoter….combien en reste-t-il aujourd’hui ?