Je me suis levée de bonne heure pour le 'school run'. Ainsi, j'ai participé à une des multiples aberrations quotidiennes qui pourrissent la vie des gens vivant sous l'occupation sioniste.
Sur cette photo, on voit un groupe d'enfants se dirigeant vers l'école. Leur chemin est serré par des colonies des deux côtés. On aperçoit un colon debout près de sa voiture, regardant les enfants. Régulièrement, les colons agressent verbalement ou physiquement les enfants. D'où la présence de la jeep de l'armée derrière les écoliers. Les militantes internationales et israéliennes essaient d'être présentes sur ces points sensibles: c'est le "school run"
Masafer Yatta n'est pas un cas isolé, il faut protéger ainsi les enfants dans d'autres endroits en Palestine.
Contexte:
Ces enfants habitent le village de Tuba et ses environs. Ils doivent se rendre à Tuwani pour aller à l'école. La route qu'ils doivent emprunter a été accaparée par les colons. Il y a des bâtiments (illégaux) et infrastructures agricoles (illégales) des deux côtés du chemin. Les véhicules palestiniens ne peuvent plus se servir de cet axe, et doivent faire un détour d'une dizaine de km pour faire le trajet entre les deux villages, qui, pourtant, ne sont qu`a deux kms l'un de l'autre.
Les enfants doivent continuer à passer par le chemin traditionnel, les colons, dans leur logique de vouloir chasser tout paléstinien de la région, les attaquent à coups de bâtons ou de pierres. Ou les couvrent d'injures. Au début des années 2000, les internationaux ont commencé à accompagner les enfants. Parmi les organisations participant à ces actions, on trouve Opération Colombe et les Christian Peacemaker Teams. Les internationaux ont, a leur tour, été visés par les colons, mais, enfin - lorsque deux activistes américains ont été hospitalisés suite à une attaque par les colons enragés- l'armée a reçu l'ordre d'accompagner les enfants.
Donc, suite à de nombreux messages Whatsapp entre activistes du coin et autres internationaux sur place, je me suis retrouvée à poireauter sous une fine pluie sur le bord de cette route. Il nous a fallu y être à 7h20. Ce jour-là on a eu de la chance: le jeep de l'armée n'avait que peu de retard et on n'a pas dû accompagner les enfants dans des confrontations avec les colons.
Les enfants étaient sympas avec nous, certaines jeunes filles étaient toutes contentes d'échanger quelques mots avec nous en anglais. Je suis rentrée à la guesthouse, sidérée par la quantité de temps et d'énergie gaspillée par tout le monde dans cette histoire. Tout ça pour permettre à des fadas de continuer à vivre une vie de violence et d'expropriation, en contradiction avec le droit israélien et international et avec toute notion de moralité ou d'éthique.
La scolarité des enfants est impactée par cette routine: outre les retards à l'école, ils perdent beaucoup de temps à attendre la mise en place de toute cette organisation. S'ils ont la chance d'échapper à une fracture ou aux sutures, l'impact psychologique demeure dévastateur.