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à l'envers - Humra II

Ce matin, le 29 mai, je chassais le troupeau de quelqu'un d'autre.

 

Quelle ironie! Moi, qui ai crapahuté derrière tant de troupeaux, pour les guider et les soigner, je me retrouve à courser des chèvres et brebis qui servent d'armes dans un acte de terrorisme.

 

Les colons détruisent les biens Palestiniens de toutes les façons possibles.

Ici, le troupeau abime les arbres, mais le ‘berger' et masqué et armé.

 

Petit à petit, les cultures sont ravagés, les récoltes réduites et les arbres tués.  Les dégâts ne sont pas que matériels. C'est une guerre psychologique aussi, le but est d'épuiser et casser la volonté de résistance  des habitants indigènes. 

La vallée de Hamra, près de Tuwani, est dans le viseur des colons sionistes établis illégalement à "Ma'on". Les attaques sont fréquentes, et en intensité croissante.


traduction de l'anglais  (- still-can-t-get-my-head-round-it-humra-part-ii)

 

Je n'arrive toujours pas à m'y retrouver - Humra II

 

Le lendemain de cette rencontre avec les soldats stationnés dans la colonie surplombant la vallée de Humra, je me suis à nouveau immergée dans un environnement rural, pour la première fois depuis longtemps.

 

Comme le font les paysannes lorsqu'elles ont le temps et l'occasion de voyager, je réfléchissais aux ressources hydriques (et leur absence !) et comparais les dates de plantation et les techniques de récolte. J'admirais la façon dont l'orge est cultivée sur les collines arides, la façon dont les vignes sont taillées et palissées. (Hafez, mon hôte, ne peut pas monter ses vignes sur les palissades, comme cela se fait dans la région de Khalil. Les brutes habitant l’implantation coloniale s’y attaqueraient de suite)

 

J'ai passé la matinée à découvrir l'industrie fromagère locale. J'ai été ravie qu'on me montre la laiterie de Tuwani - et j'attends toujours la visite promise de l'une des fermes qui livre son lait à la laiterie. Lorsque je me suis rendue à la fromagerie, j’ai pu nouer un contact avec un paysan qui était en train de décharger son camion -150 litres livrés par jour, c’est exactement la taille de ferme qui me parle...une prochaine fois, inch’allah!

 

Puis on a reçu un autre appel de Humra : un colon était là, provoquant des dégâts. J'ai dû mettre de côté mes théories sur l’agriculture de subsistance et m'occuper de choses plus urgentes. Lorsque nous sommes arrivés à la zone de pâturage, un agriculteur inquiet était seul et attendait de l'aide, faisant des gestes vers la troupe d'animaux qui broutaient dans l'oliveraie.

 

Choquée et indignée par les dégâts causés à ces arbres précieux et vivants, je me suis précipité vers le troupeau. Je me suis lancée, avec l'intention de le chasser du verger, comme je l'ai fait tant de fois avec mes propres bêtes ou celles de mes collègues. Mes souvenirs de mes propres arbres fruitiers abimés par mes chèvres à moi sont encore douloureux, même après tant d’années.

 

Je me suis arrêtée brusquement et avec effroi, non pas à cause des aboiements du chien qui bondissait vers moi, mais à cause du visage masqué du colon. Il ne portait pas de fusil - dans ma précipitation à sauver les arbres, je n'avais même pas pensé à vérifier s'il était armé ! - sa seule arme était un bâton. Mais son visage était caché par un masque de camouflage de type militaire. J'avais l'impression de me trouver dans un film de science-fiction, ou peut-être dans un cauchemar sorti de Harry Potter : un extraterrestre menaçant et sans visage me barrait la route.

 

Heureusement, il ne cherchait pas à se battre. Il a progressivement rassemblé les moutons et s'est dirigé vers le village. Mes amis ont constaté les dégâts et j'ai regardé le voyou et son troupeau partir, en me reprochant mon inconscience. J'avais eu de la chance de ne pas être blessée.

 

Malgré tout ce que j'avais entendu et lu, je ne semblais pas avoir compris la destruction délibérée d'êtres vivants qu'exige le projet sioniste. Je me suis mis dans une situation stupide parce que mon instinct me poussait à "gérer" les animaux et à prendre soin de la terre, oubliant complètement que le souhait de ces envahisseurs est de les détruire.

 

Je crois qu'un mois plus tard, ces oliviers ont été brûlés par les colons.


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