Le paysage est aride, le sol rocailleux et la végétation broussailleuse et épineuse - cultiver la terre ne doit pas être facile. Mais je n'ai jamais vu de bétail aussi docile et coopératif que dans les collines du sud de al-Khalil.
Dans les fermes françaises, j'ai passé d'innombrables jours à installer des clôtures électriques pour les vaches et les chèvres ; j'ai encore de temps en temps des lancements de douleur à
cheville que je me suis foulée il y a vingt ans en essayant de chasser un troupeau de bovins d'un champ de sorgho ; j'ai parcouru des kilomètres à la recherche de troupeaux errants dans les
Pyrénées. Les troupeaux que j'ai connus ont toujours été persuadés que l'herbe est plus verte ailleurs, et agissaient en conséquence!
À Masafer Yatta, c'était tout différent. Le matin, je regardais les chèvres d'Aisha ignorer poliment la verdure luxuriante du jardin de son mari et grignoter obligeamment les étendues jaunes et
grises de ce qui ressemblait à de l'herbe morte sur les pentes rocailleuses. Le soir, j'admirais les jeunes garçons qui, sur la colline d'en face, ramenaient quelques centaines de moutons et de
chèvres le long de l'autoroute. Les troupeaux suivaient la glissière de sécurité, sans jamais essayer de s'engager sur la route.
Le pastoralisme est le socle de la vie quotidienne ici, la journée s'organise autour du rythme des troupeaux. Les droits de pâturage, les parcours traditionnels sont vitaux. Lorsqu'un berger et
ses animaux sont menacés, les gens se rassemblent pour le soutenir. Un soir, au guesthouse de Tuwani, le téléphone a sonné et tout le monde s'est entassé dans une voiture, pour répondre à un
appel venant la vallée voisine, Humra, à la limite de la zone de tir.
Il s'agissait de deux soldats qui tentait de pousser un berger et son troupeau hors d'un champ, sous prétexte qu'il était trop proche de la colonie. Lorsque nous sommes arrivés sur place,
une douzaine d'hommes, de femmes et d'enfants du village s'étaient rassemblés sur le flanc de la colline, et les soldats se repliaient vers leur poste de garde - qui se trouve dans la colonie !
L'appel aux armes avait également été lancé de l'autre côté, et un groupe d'accapareurs de terres est apparu de l'autre côté de la petite vallée. Les deux groupes se sont jetés des regards noirs
pendant un certain temps, mais heureusement les choses sont restées en l'état.
J'ai été à nouveau étonnée par la proximité de la colonie. J'ai dû me faire expliquer quels terrains étaient encore aux mains des Palestiniens et lesquels avaient déjà été repris : ils se
trouvent côte à côte et la ligne de démarcation n'est (à mon avis) pas marquée. Bien sûr, tout muret ou autre barrière sera détruit par les sionistes, donc il n'y en a pas.
Travaux en cours :
Il nous a semblé judicieux de rester sur zone, proche du berger afin de s'assurer que tout allait bien.
Nos hôtes ont profité de ce moment pour nous montrer l'un des bâtiments en cours de réhabilitation dans la vallée : construits en pierre, avec un puits encore propre, les jeunes les retapent dans
le cadre de la résistance aux expulsions forcées.
J'étais contente de reconnaître une cabane de berger, semblable aux courtals catalans qui parsèment le paysage que je connais à Fitou.
Oui, ce sont de jeunes plants d'oliviers sur la photo. Peut-être pas assez nombreux pour remplacer ceux qui sont régulièrement détruits par les terroristes israéliens * (qui aiment et respectent
tant la terre "promise" !), mais, néanmoins, un signe d'espoir et de détermination.
* Voir un exemple de ce comportement des colons ici
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